Newsletter du 27 Octobre 2017

Hello ! Levé du bon pied ? En tout cas on l’espère car aujourd’hui c’est vendredi, et Brain & Breakfast te sert l’essentiel de l’actu tech au p’tit dèj

Ce matin ça remue-ménage : Amazon réinvente encore la livraison à sa sauce en ouvrant nos portes et Google mets les petits plats dans les grands avec sa première Smart City. Et pour digérer : séance de fitness et production d’électricité. À table !

C’est fort en chocolat  : l’IA de Google devient autodidacte_

Vous vous souvenez d’AlphaGo ? C’est l’intelligence artificielle de DeepMind (racheté par Google en 2014), spécialisée dans le jeu de Go et qui avait battu les meilleurs joueurs mondiaux dont Lee Sedol en 2016 et Ke Jie en 2017. C’était déjà impressionnant, mais la dernière version de cette IA, AlphaGo Zero, a surclassé toutes les versions précédentes en ayant appris à jouer toute seule. Contrairement aux autres versions qui avaient progressé en étant alimentées par des milliers de parties et de stratégies humaines en entrée (apprentissage supervisé) puis en jouant contre elle-même (apprentissage par renforcement), AlphaGo Zero connaissait seulement les règles du jeu et a appris uniquement en s’entrainant contre elle-même (apprentissage par renforcement). Elle est donc devenue la meilleure joueuse de Go au monde sans aucune aide humaine, et en seulement 40j (100 victoires à 0 contre la précédente version). Chapeau bas.

(Un) peu de verdure : Greenpeace note les entreprises tech_

Greenpeace a publié son annuel rapport Guide to Greener Electronics sur l’impact environnemental des plus grandes entreprises High-Tech. Et le résultat n’est pas très vert : aucune entreprise n’a obtenu la note A. L’ONG dénonce que « bien qu’étant à la pointe de l’innovation, la plupart des chaines de productions sont bloquées à la révolution industrielle », se basant sur des energies fossiles. Elle dénonce également l’obsolescence rapide (voire programmée) des produits. Enfin, elle est particulièrement préoccupée par les géants chinois qui bousculent les marchés en n’ayant souvent aucune politique environnementale. Mais les GAFA ne sont pas non plus tout blanc, notamment Amazon relégué à la note F. Alors la tech, on arrive pas à « disrupter » la pollution ?

La Chine rêve de licornes 🦄_

Si les géants de la tech ne font apparement pas la compétition pour être le plus écolo, il la font par contre pour être le plus gros. Et sur ce point les licornes chinoises (entreprises valorisées plus d’un milliard de $) sont bien réelles. Aucun commentaire n’est nécessaire ici, le graphique parle de lui-même.

Le groupe de Seattle lance Amazon Key, un service qui permet aux livreurs de déposer les colis à l’intérieur du domicile des destinataires lorsqu’ils sont absents. L’idée, bien qu’un peu angoissante, confirme le caractère toujours plus innovant du premier e-commerçant mondial.

Comment ça marche ?

Pas besoin de laisser ses clés ou son digicode à Amazon : le système fonctionne avec une serrure et une caméra connectées contrôlant l’ouverture de la porte et filmant l’entrée du domicile, ainsi qu’avec une application.

Concrètement, si le destinataire est absent, le livreur scannera le code-barre du produit, ce qui préviendra Amazon. Ce dernier vérifiera que le bon livreur est devant la bonne porte à la bonne heure (avec un système d’authentification crypté). Une fois authentifié, la caméra commencera à filmer l’entrée et le système déverrouillera la porte afin de laisser entrer le livreur. Avec l’application, il sera possible de recevoir des notifications en temps réel du déroulé de la livraison ou de voir la vidéo, en direct ou en différé.

Pour l’instant, ce service ne sera disponible que dans les villes où Amazon effectue les livraisons avec ses propres livreurs, soit 37 villes aux USA, et sera réservé aux abonnés Amazon Prime. Le kit Amazon Key (comprenant la caméra Amazon Cloud Cam et une serrure connectée compatible – Yale ou Kwikset) sera vendu 250$ dès le 8 novembre.

La suite ?

Après ses récents tests de livraison par drone dans plusieurs pays (Amazon Prime Air), Amazon confirme bien sa volonté d’être pionnier dans la livraison du futur et d’assoir sa position de leader mondial du e-commerce (quasi-moitié du e-commerce américain et premier e-commerçant au monde).

Mais au-delà du e-commerce, cela démontre également la volonté du groupe de Seattle de devenir le nouvel acteur incontournable de la maison connectée et d’investir notre intérieur. Avec sa solution serrure + caméra, il débarque ainsi sur le marché de la sécurité de la maison. Par ailleurs, Amazon Key pourra être relié à Amazon Echo, l’assistant vocal d’Amazon, pour un contrôle par la voix. Enfin, pouvoir contrôler à distance sa porte d’entrée sera sûrement incontournable dans la maison de demain, et Amazon Key permettra également de laisser entrer “famille et amis” chez soi, ou encore des services à domicile (ménage, garde d’animaux) ayant conclu un partenariat avec Amazon. Sur ce point, et contrairement à l’écologie (cf. sujet précédent), Amazon semble encore avoir une longueur d’avance.

La ville de Toronto a choisi de faire appel à Sidewalk Labs, la filiale d’Alphabet (maison mère de Google), afin de requalifier une vaste friche industrielle de 325 hectares dans le centre ville, au bord du lac Ontario. Sidewalk Labs aura carte blanche pour redessiner cette zone à sa manière, et investira 50 millions de dollars dans le projet (vs. 1,25 mds$ pour la ville et la province qui supervisent). Il commencera par créer un projet pilote sur une petite partie de 5 hectares, Quayside, pour tester sa vision de l’urbanisme avant de l’étendre à toute la zone.

Quelle vision de la Smart City par Google ?

Le mantra du projet : « associer design urbain visionnaire et nouvelles technologies pour créer un quartier centré sur ses habitants ». Cela passera par différents principes de durabilité, mobilité, opportunité économique mais aussi d’accessibilité (financière notamment).

Premièrement, Sidewalk Labs compte truffer la ville et les bâtiments de milliers de capteurs afin de récolter des données objectives sur l’utilisation des équipements, des bâtiments ou de la circulation, et ainsi détecter les points de frictions. Son idée est alors d’améliorer la ville en continu grâce à l’analyse de ces données.

Côté mobilité, la filiale d’Alphabet effectuera des choix en accord avec ses convictions : moins de place pour la voiture personnelle et favorisation de la mobilité “douce” (à pied, à vélo). Il comptera également sur les transports en commun et la voiture autonome (transports et livraison) en partenariat avec Waymo, autre filiale d’Alphabet en charge de la conduite autonome.

Enfin niveau construction, Sidewalk Lab compte tester des nouveaux matériaux et mettra l’accent sur l’efficacité énergétique ainsi que le recyclage des déchets pour des bâtiment durables. Et surtout, il envisage de créer des bâtiments plus modulables, avec des espaces partagés pour réduire le coût du logement et favoriser la mixité des habitants.

La ville de Toronto réalise ici une première : c’est la première fois qu’un des GAFA est habilité pour construire une Smart City. Jusqu’ici, leurs visions de la ville de demain se cantonnaient à leurs sièges sociaux et campus. Mais investir le monde physique (en plus du monde numérique) est bel et bien une ambition des géants de la tech. Entre autres, Amazon s’attaque aux magasins physiques (Amazon Go) ou s’essaye au transport par drone ; Google veut nous faire rouler (Waymo) ou construire nos villes. Si les croquis de Sidewalk Lab donnent envie, on n’en sait pas encore beaucoup sur les détails du projet et on reste un peu sceptique qu’en à ce nouvel aspect de notre quotidien envahi par les GAFA.

Plus d’infos sur le projet ici.

Avec leur projet Human Power Plant, les artistes Néerlandais Melle Smets et Kris de Decker envisagent la création d’un bâtiment où l’énergie serait d’origine 100% humaine. Concrètement, leur projet vise à démontrer qu’il est possible de faire tourner un immeuble étudiant de 22 étages où l’énergie serait exclusivement produite avec des salles de fitness ou autre accommodations créatrice d’électricité. S’inscrivant dans la logique de la Low-Tech (l’inverse de High-Tech), leur concept ne vise pas à montrer qu’il est possible de vivre comme nous le faisons actuellement, avec un rapport décomplexé et dépensier à l’énergie, mais au contraire d’éveiller les consciences sur notre gourmandise énergétique en plaçant le citoyen au coeur de sa production (et donc questionner nos modes de consommation). Outre la pertinence du geste artistique, ça nous donne surtout des idées sur l’utilisation qu’on pourrait faire des salles de sports dans les villes de demain (cc Google, cf. sujet précédent).

Lire l’interview de Kris de Decker pour Usbek & Rica.

Voilà, c’est fini pour le petit dej’ d’aujourd’hui !

On te souhaite une bonne semaine et surtout un très bon weekend (plus que quelques heures, courage !).

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