Nov 10

Le premier rapport sur la collaboration grands groupes – startups en France

La French Tech a publié son premier rapport sur la collaboration entre grands groupes et startups en France. Premier du genre, il est destiné à « objectiver la situation de la coopération” et évaluer l’état actuel de la collaboration pour entrer dans une logique de progression. Si la France met en avant un mouvement de fond concernant l’innovation (cc la Startup Nation 🇫🇷), l’étude soulève plusieurs points intéressants afin d’éclaircir la réalité économique au-delà de la simple communication.

Les participants

Le baromètre porte sur 41 grands groupes français ayant accepté de participer (parmi 120 contactés). Cela démontre déjà le peu de capacité (ou de volonté) de nombreux groupes à communiquer sur le sujet. Mais c’est déjà un début, d’autant que certains se montrent plutôt exemplaire.

Les enseignements

L’étude porte sur différents aspects de la collaboration comme les processus d’achats, les partenariats de distribution, les pratiques de co-développement, les investissements et acquisitions, etc.

1. Encore trop peu d’engagement économique au niveau des achats

L’engagement économique des grands groupes est encore faible : 0,1% des budgets achats sont consacrés aux startups, et la dépense médiane n’est que de 667 500 euros par an.
Les budgets ne sont donc pas encore à la hauteur des intentions. Si le “pourquoi” travailler avec des startups semble bien intégré (83% des PDG soutiennent les relations avec les startups), reste désormais à élucider la question du “comment” et surtout du “combien ». Seuls 19 % des répondants ont une ligne dédiée aux startups dans leur budget, c’est bien mais ce n’est qu’un début.

2. Des négociations de distribution longues et pas toujours claires

Le délai moyen entre les premières négociations et la conclusion d’accords de distribution est en moyenne de 5,6 mois. Un temps qui peut sembler long, mais assez incompressible nous rappelle le rapport (car intrinsèquement lié à une organisation complexe et à une culture de la planification sur des temps longs pour les grands groupes). Ici, ce sont plutôt des efforts sur une communication réactive et transparente qui sont attendus afin de donner de la visibilité aux startups quant aux process nécessaires.

3. Un co-développement assez faible et peu rémunéré

Autre point qui démontre la frilosité des grands groupes : encore peu de PoC (Proof of Concept) sont réalisés : moins de 5 / an pour 50% des grands groupes, et pour un budget moyen de 25000€ / PoC. Par ailleurs, l’étude note qu’une tendance au PoC gratuit persiste en France, malgré les alertes des acteurs du secteur.Le taux de transformation en produit industrialisé est lui plutôt élevé (37% vs. 25% aux US). Mais ce n’est pas forcément positif : l’outil du PoC est conçu pour faciliter la prise de risque, dédramatiser l’échec et donc multiplier les itérations et prototypes. Nous aurions pu observer plus de PoC avec un taux de transformation en projet commercial moins élevé. Ce taux élevé démontre encore une faible prise de risque de la part des grands groupes.

4. Des investissements et acquisitions encore faibles

51% des grands groupes ont effectué des participations minoritaires, et seules 13 acquisitions ont été concrétisées en 2016 (sur les 41 entreprises interrogées). Sur la même période Google (Alphabet) a réalisé à elle seule 14 acquisitions, nous rappelle le rapport. Les grands groupes français sont donc encore un peu timides à l’acquisition. Le temps moyen de négociation est lui de 6 mois.

5. Une réelle prise de conscience et une adaptation des pratiques

Vrai point positif : la prise de conscience de la nécessité d’une refonte des pratiques et process pour des collaborations pérennes et efficaces, et sortir des “pratiques cosmétiques”. 75% des grands groupes ont ainsi entamé un aménagement de leurs processus internes et méthodes de travail pour les adapter aux startups (comme les délais de paiement, les acomptes, la protection de la propriété intellectuelle, etc.).Au final, le baromètre révèle un marché qui gagne en maturité et deux mondes qui apprennent à s’apprivoiser, malgré les différences de culture, d’objectifs et de modes de travail qu’il reste à surmonter. Au-delà de la communication, l’open innovation grands groupes – startups repose « au contraire sur ce qui ne se voit pas, c’est-à-dire les rouages de l’organisation », et à ce niveau les chiffres démontrant la transformation interne des groupes sont encourageants. Les efforts structurels sont donc engagés et devraient avoir de l’avenir (on l’espère 💪).

Pour plus d’infos et des best practices, le rapport complet est ici.

About The Author

Arthur Le Menec, content Manager @Niji. Essaie actuellement de comprendre le monde 🤔