Jan 12

Newsletter du 12 janvier 2018

 

Le petit-déjeuner tech et équilibré

Vendredi 12 Janvier 2018, planète Terre
Salut *|FNAME|* ! Comment ça va aujourd’hui ? Comme tous les vendredi, on se retrouve après le café pour papoter tech et actualité.

Et cette semaine, impossible de passer à côté du CES de Las Vegas. Même en essayant de regarder ailleurs, difficile d’échapper à cet évènement dont parle 90% des articles de la presse spécialisée. On ne va donc pas se gêner pour y ajouter notre grain de sel et vous raconter un peu ce qu’il s’y passe.

Au menu de ce matin :

Et en accompagnement :
Bon appétit !

La formule express_ L’actu en bref

Petit tour des bonnes et mauvaises surprises de ce CES 2018_

Comme en chaque début d’année, les yeux du monde entier (enfin surtout de ceux qui s’intéressent un peu aux nouvelles technologies) se tournent l’espace de quelques jours sur Las Vegas où se tient l’annuel CES – le Consumer Electronic Show – à savoir la grande messe de l’électronique grand public. Ce salon qui se tient depuis 51 ans est devenu la référence du milieu et les annonces d’innovations s’y sont multipliées au fil des années, du magnétoscope en 1970 à l’imprimante 3D en 2012, en passant par le CD en 1981 ou la télévision écran plat en 1995.

Ce salon est donc l’occasion pour les entreprises rattachées de près ou de loin aux nouvelles technologies de présenter leurs dernières innovations. Et cette année le CES dévoile encore et toujours de nombreuses surprises, plus ou moins bonnes. A chaud, voilà donc quelques unes des principales nouveautés de cette édition. Mais autant te prévenir tout de suite, on ne sera pas (du tout) exhaustif car comme toujours les annonces y sont innombrables.

Côté voitures autonomes, Nvidia, le fabricant Taiwanais de cartes graphiques, a annoncé ses nouveaux partenariats afin d’équiper les modèles d’Uber (voitures Volvo), de Volkswagen et de Baidu, ce qui confirme ainsi la position dominante de sa solution technologique de conduite autonome.

Côté véhicules volants, le taxi volant de l’entreprise Volocopter a effectué un (très court) vol de démonstration lors de la conférence d’Intel, dont les puces équipe l’engin. La prestation, réalisé sur scène et en cage, n’est par contre pas des plus impressionnante, mais laisse présager que les taxis volants sont a prendre au sérieux.

Dans la réalité virtuelle, on n’a notamment eu le droit à la présentation du casque autonome Mirage Solo de Lenovo, fonctionnant avec la plateforme Daydream de Google, et devant concurrencer directement l’Oculus Go de Facebook annoncé il y a quelques mois. Le fabricant chinois iQIYI a quant à lui dévoilé le premier casque VR autonome avec un écran 4K. La tendance se confirme donc : on se dirige bien vers des casques autonomes pour libérer l’utilisateurs des fils le reliant à un PC de compétition.

Dans le monde des télévisions, le fabricant Coréen LG a présenté un téléviseur 65 pouces… enroulable. Quid de l’utilité ? On vous laisse méditer là dessus.

Annonce pour le moins surprenante : Dell a profité de ce CES pour lancer… une collection de bijoux fabriqués à partir d’ordinateurs recyclés ! Car oui, en récupérant l’or contenu dans les composants de ses ordinateurs, le fabricant en profite pour allier l’utile au beau et proposer une ligne de bijoux en or (entre 14 à 18 carats tout de même), en partenariat avec l’actrice et mannequin Nikki Reed (Twilight). On salue la bonne idée : chapeau.

Enfin, la plus grosse surprise de ce CES – et pas la meilleure – fût sans aucun doute la pluie qui s’est abattue sur Las Vegas, entrainant le plus grand dérangement dans l’organisation du salon, et par la même occasion le plus grand nombre d’articles et de tweets.

Si cet évènement météorologique n’est pas non plus extraordinaire (je suis sûr que tu n’es pas né de la dernière pluie et que tu n’es pas surpris quand de l’eau tombe du ciel), il a tout de même réussi à semer la panique à Las Vegas, apparement pas très habituée aux gouttes de pluies. Le stand extérieur de Google a fermé toute la première journée car il prenait l’eau, des rues inondées ont empêché des milliers de personnes à rejoindre leur hôtel, et surtout une panne d’électricité de 2 heures a plongé les 2 principaux halls du CES dans le noir… Ironiquement, c’est sûrement ces évènements qui marqueront le plus cette édition 2018 du plus grand salon de l’innovation au monde.

Google a discrètement racheté une startup qui transforme les écrans tactiles en enceintes_

Alors non, cette nouvelle n’a pas été annoncée au CES. En réalité elle n’a pas été annoncée du tout par Google, qui selon Bloomberg aurait racheté en Aout dernier une startup britannique – Redux – qui dispose d’une technologie assez révolutionnaire pouvant transformer des surfaces comme les écrans de smartphones en hauts-parleurs.

Selon le site de la startup (qui a depuis été mis hors-ligne), cette technologie permettraient « d’offrir un son naturel à large bande passante à partir d’un panneau ou d’un écran (sans micro-haut-parleurs ni ouvertures) ». Elle pourrait également permettre des dispositifs de retours haptiques – soit la reproduction de différentes sensations de toucher réelles sur une interface tactile grâce aux vibrations, pour par exemple simuler la présence de touches, de reliefs ou de textures au passage du doigt sur l’écran.

Les possibilité semblent donc assez nombreuses et ce rachat pourrait aider Google dans la conception de futurs smartphones nouvelle génération, étanches, sans bordures et avec retours haptiques, afin de prendre une longueur d’avance sur ces concurrents après des années de retard dans les smartphones ? La question reste ouverte.

Des chiffres et des tech_ l’info qui compte

275

C’est le nombre de startup françaises représentées cette année au CES_

L’Eureka Park, c’est la zone dédiée aux startups du monde entier au CES et où s’accumule plus de 1000 jeunes pousses sur des stands de 8m de large. Dans cette antre de nouvelles pépites, la « Startup Nation » est cette année très très présente avec 275 startups (+54% par rapport à 2017, et loin devant les 66 startups présentes en 2015).

Ce graphique, largement relayé sur twitter et dans de nombreux articles, montre ainsi l’ampleur de la représentation française par rapport à ses homologues européens, et même vis-à-vis de pays asiatiques comme la Chine ou la Corée du Sud.

Mais cette sur-représentation qui ne passe pas inaperçue à cette année soulevée quelques critiques. Notamment vis-à-vis du peu d’impact pour les startups françaises d’une participation à un tel évènement : leur visibilité peut facilement être noyée dans la masse et participer au CES est loin d’être synonyme de levée de fonds ou de retombées importantes. Certaines critiques sont assez virulentes, affirmant que derrière le label French Tech, « il n’y a pas grand chose » et que « l’effet déceptif peut être massif » pour les VC (les investisseurs).

Et même si cette présence massive peut représenter une aubaine pour l’image de la France et de son dynamisme sur la scène internationale, l’un des problèmes soulignés est l’effet d’empilement provoqué par l’alignement des start-up françaises au sein du Eureka Park. Selon Olivier Ezratty (observateur français du CES depuis plus de 10 ans), cette sur-représentation relève plus du concours entre régions que d’une réelle logique pertinente de représentation des pépites françaises. Certaines startups n’auraient ainsi pas leur place dans ce salon, proposant des solutions de micro-niche ou bien non destinés au B2C, voir même sans site web en anglais..

D’autant plus que ces 275 startups représentent 80% des 338 entreprises françaises exposant au CES. Autrement dit, la présence des PME et grands groupes français qui exposent hors de la zone réservée aux startups fait bien plus pâle figure.

Au final, un tel nombre de startups françaises venant de tous bords et sans logique de valorisation est-elle pertinente ? Du côté de nos homologues européens, la stratégie n’est pas la même : les startups sont triées sur le volet et représentent seulement quelques secteurs bien particuliers. La qualité est préférée à la quantité. De quoi nous faire réfléchir pour les prochaines éditions du CES.

La news inattendue_ Le retour de Kodak en acteur de la blockchain

Kodak futur acteur de la blockchain ? C’est sans doute l’annonce la plus improbable et la plus inattendue de ce CES. En effet, l’entreprise américaine – qui était le leader historique de la photographie – est tristement célèbre pour avoir raté le virage du numérique et ne pas avoir cru… à la photo numérique. Elle est même devenue un cas d’école enseigné sur les bancs des universités et écoles de commerce tant ce raté stratégique et la chute qui suivi pour Kodak fût retentissante.

Mais cette semaine Kodak a crée une véritable surprise au CES en annonçant son intention de lancer un service de blockchain ainsi que sa propre cryptomonnaie afin de gérer les droits d’auteurs des photographes. Et comme si ce n’était pas déjà assez ahurissant, son cours en bourse en a profité pour immédiatement exploser et augmenter de plus de 300% en 48h. Alors si pour toi aussi tout cela ne semble avoir ni queue ni tête, on te propose d’essayer d’y voir un peu plus clair au royaume de l’absurde.

Quel est ce service de blockchain que va lancer Kodak ?

Baptisé KodakOne, ce nouveau service sera une plateforme de gestion des droits d’auteurs photographiques, basé sur la blockchain. Associé à cette plateforme, une nouvelle cryptomonnaie sera lancée, le KodakCoin, afin de rémunérer les photographes. Car la gestion de ces droits d’auteur est bel et bien un casse tête pour les professionnels, dont les photographies sont très souvent reprises et réutilisées (sur internet majoritairement) sans être rémunérées.

Avec KodakOne, les photographes pourront alors enregistrer leur oeuvres dans ce registre numérique partagé et ainsi stocker leurs nouvelles et anciennes photos. Des Smart Contracts seront alors associés à chacune de ces photos – des “contrat intelligent” sous forme de programmes autonomes qui exécutent automatiquement les conditions et termes du contrat, sans nécessiter d’intervention humaine une fois démarrés. Les photographes, après avoir cédé leurs droits d’auteur à des médias ou des entreprises en leur octroyant des licences, pourront être rémunérés en toute confiance en KodakCoin. A chaque utilisation d’une photo sous licence, le Smart Contract s’enclenchera et versera automatiquement la rémunération au photographe. La technologie blockchain, en étant transparente et sécurisée car décentralisée (chaque transaction est validée par l’ensemble du réseau), permet alors la confiance nécessaire et garantit que les termes du contrat ne soient pas modifiés ou falsifiés.

KodakOne sera alors un véritable policier photographique de l’internet et vérifiera que toutes les photos présentes sur sa plateforme ont bien été payées. Encore plus fort, leur logiciel ratissera le web à la recherche d »images utilisées sans avoir payé la licence, afin de bloquer ces images et d’exiger leur rémunération. Pour lancer son service et émettre sa cryptomonnaie, l’entreprise réalisera une ICO (Initial Coin Offering, soit une levée de fonds via l’émission d’actifs numériques échangeables contre des cryptomonnaies) le 31 Janvier prochain.

Le service s’engage donc à véritablement aider les photographes à disposer de leurs droits et devrait s’avérer très pertinent face à un problème majeur et récurrent des industries créatives : la gestion des droits d’auteurs. Car bien souvent, la rémunération de certains ayants-droits s’avère impossible car cette gestion est trop complexe ou trop chère à réaliser. Mais la technologie de la blockchain, en permettant la décentralisation et l’automatisation de la gestion des droits d’auteurs, semble depuis quelques temps s’imposer comme une solution efficace et pérenne face ce challenge.

Kodak n’est d’ailleurs pas le premier à utiliser la blockchain pour pallier aux failles dans la gestion des droits d’auteurs. C’est notamment dans l’industrie musicale que de nombreuses initiatives sont apparues ces dernières années. En effet, les organismes collectifs de gestion de droits d’auteurs musicaux (comme la Sacem en France) sont souvent dans l’incapacité de rémunérer l’ensemble des ayants-droits sur une chanson, surtout quand cette rémunération est trop minime. Exemple inventé : rémunérer à hauteur de 0,003 € le batteur qui effectue un solo de 34s sur la piste 12 du dernier album PrissKrolsh (un obscur groupe suédois) coûte bien trop cher en frais de gestion à la Sacem qui ne rémunère alors pas le pauvre batteur. Avec la blockchain et des systèmes de Smart Contracts, les frais de gestion tombent à 0 grâce à l’automatisation des contrats et chaque ayant-droit est alors dûment rémunéré, même pour quelques centimes. Plusieurs startups de la blockchain, comme Muse, se sont alors attaquées à ce problème. Et en Avril dernier, on apprenait que les trois plus importantes sociétés de gestion de droits d’auteur au monde (la Sacem, l’Ascap et PRM for Music) s’associaient, en partenariat avec IBM, pour unifier leurs approches de la gestion des droits d’auteurs grâce à la blockchain.

Au final, l’initiative de Kodak est très loin d’être absurde. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, Kodak pourrait revenir à la pointe de l’innovation s’il arrive à imposer son service KodakOne parmi les photographes professionnels.

La bulle spéculative autour de la blockchain et des cryptomonnaies

Par contre, nous sommes forcé d’admettre que la suite de l’histoire devient de plus en plus absurde.

Premièrement, Kodak a eu l’étrange idée d’accompagner son service d’une machine spéciale dédiée à miner du Bitcoin ou autres cryptomonnaies : le Kodak Kashminer.

Dans le jargon de la blockchain, « miner » correspond aux opérations cryptographiques qui permettent de valider et sécuriser le réseau. Chaque « mineur » utilise de la puissance de calcul informatique afin de valider les transactions sur le réseau blockchain, sécuriser celui-ci, et ainsi permettre à tous les utilisateurs du système de rester synchronisés. Le mineur est alors rémunéré, dans la cryptomonnaie dont il valide les transactions, au prorata de la puissance de calcul qu’il apporte au réseau.

Le hic de cette annonce ? Premièrement, ces Kodak KashMiner semblent plutôt destinées à miner du Bitcoin et donc alimenter la spéculation sur les cryptomonnaies, plutôt qu’à véritablement servir la plateforme KodakOne. Deuxièmement, ces machines seront distribuées avec des contrats de location de deux ans dans lesquels il est stipulé que l’entreprise partenaire de Kodak, Spotlite, pourra garder la moitié des bénéfices générés par ces machines. Les critiques ont donc fusé sur les réseaux sociaux, notamment pour dénoncer les profits largement surestimés que fait miroiter Kodak aux futurs locataires (le cours des cryptomonnaies n’ayant jamais été aussi instable qu’aujourd’hui). Par ailleurs, la légitimité de Kodak à se lancer dans le business du minage de cryptomonnaies est fortement questionnable : on sort complètement du domaine d’expertise de Kodak dans la photographie.

Le Kodak KashMiner, cette machine spécialement taillée pour miner du Bitcoin.

Mais le comble de l’absurde dans cette histoire, c’est l’envolée en Bourse du titre de Kodak suite à ces annonces. Hier soir, la valeur des actions Kodak avait augmentée de plus de 340% en à peine 48h, avant de rebaisser légèrement ce matin.

Cette appréciation boursière immédiate dénote encore une fois la frénésie spéculative irraisonnée qui entoure tout ce qui touche de près ou de loin à la blockchain et aux cryptomonnaies. Ces dernières semaines, les exemples d’appréciations absurdes de cours de bourses d’entreprises ayant annoncé leurs repositionnement sur la blockchain se sont multipliés.

Exemple le plus frappant, le cours de la société de boissons Long Island Iced Tea Corp avait bondi de près de 200% en décembre dernier, après que cette dernière ait annoncé qu’elle deviendrait la Long Blockchain Corp et qu’elle se consacrerait désormais à l’exploration et à l’investissement dans la blockchain. Passer du thé glacé à la blockchain, logique non ?

Autres cas surprenants : SkyPeople Fruit Juice, une société de jus de fruit à Hong Kong s’était ainsi renommé Future FinTech Group Inc. en novembre, tout en continuant à vendre des jus de fruit. Ou alors The Crypto Company, qui est en fait une entreprise de vente de soutiens-gorge de sport. Quant à la société Rich Cigars, son titre avait bondi de 2000% en une journée après avoir recentré ses activités sur la blockchain…

Ces flambées absurdes des cours d’actions des entreprises de la blockchain inquiètent beaucoup quant à la présence d’une bulle spéculative prête à éclater. Et pour rappel, le fait de surfer sur un effet de mode pour faire gonfler le cours de son action ne date pas d’hier. Dans les années 1990, certaines entreprises ajoutaient soudainement .com ou « online » à leurs noms pour paraître plus modernes et profiter de l’effet de la bulle internet. Pas très rassurant.

Au final, si l’initiative première de Kodak et de son service de gestion des droits d’auteurs est louable et légitime, les à-côtés sont de cette annonce sont eux bel et bien absurdes.

L’explosion en bourse du titre Kodak entre le 9 et le 11 Janvier.

Maman maman regarde !_ Niji passe à la télé

Et cette semaine, David-Henri Bismuth était en direct… du CES évidemment ! Pour faire le plein de tendances et de nouveautés, on t’invite donc à regarder son passage TV d’hier soir. Whoa !



Voilà, c’est fini pour le petit dej’ d’aujourd’hui !

On te souhaite une bonne semaine et surtout un très bon weekend (plus que quelques heures, courage !).

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About The Author

Arthur Le Menec, content Manager @Niji. Essaie actuellement de comprendre le monde 🤔