Au Web Summit de Lisbonne cette semaine, Uber et la NASA ont annoncé leur collaboration pour le développement d’un système de contrôle aérien urbain afin de faire voler, entre autres, des taxis volants. L’agence spatiale américaine travaillera avec Uber sur ce logiciel de contrôle afin d’automatiser le trafic aérien en basse altitude, et donc permettre le pilotage automatique et la coordination des drones, taxis et autres objets qui voleront bientôt au dessus de nos têtes.
Cette annonce au goût futuriste peut sembler un peu chimérique au premier abord, et pourtant de nombreux indices s’accumulent pour laisser penser qu’il est très vraisemblable que des véhicules autonomes survolent nos villes, et ce très prochainement. On fait un petit point pour ceux qui ont la tête dans les nuages (mais qui n’y voient pas encore voler de voitures).
Quel est le projet d’Uber ?
La NASA rejoint Uber dans son projet “Elevate”, aux côtés de plusieurs entreprises d’aéronautique ou de pilotage automatique. Il s’agira d’un service de VTC volants, qui devraient effectuer leurs premiers essais à Los Angeles en 2020. Une fois la technologie mature et les contraintes réglementaires dépassées, « Uber Air ne devrait pas coûter plus cher qu’Uber X », assure Jeff Holden, le CPO d’Uber Elevate.
Le contrat établi avec la NASA donne de la crédibilité à Uber aux yeux de ceux qui seraient encore sceptiques au sujet du transport aérien urbain. La collaboration aidera Uber à développer un logiciel de gestion des flottes aériennes dans les villes. Et si la NASA a choisi Uber, c’est car ce dernier lui permettra de tester le système grandeur nature – et donc d’éventuellement commencer la construction d’un logiciel de référence pour la gestion de véhicules volants basse altitude en milieu urbain.
Par contre, si les engins d’Uber et de son projet Elevate n’ont pas encore vu le jour, de nombreux groupes et startups travaillent sur des prototypes d’engins volants, et le marché du VTOL (Vertical Take-off and Landing Aircraft) est prêt à décoller (sans mauvais jeu de mot).
De nombreux acteurs souhaitent faire voler des voitures
« On nous avait promis les voitures volantes, on a eu 140 caractères ». C’est ce que déclarait Peter Thiel, l’un des fondateurs de Paypal. Et pourtant il s’avère qu’on se rapproche doucement de ce rêve. Les voitures volantes sont en train de passer du stade de fantasme à une technologie pratiquement mature, en témoigne les récents investissements dans le secteur.
Dans un récent article, Techcrunch dresse d’ailleurs un état des acteurs du marché et dénombre pas moins de 15 startups proposant différents concepts de VTOL + les potentiels projets en early stage qui ne sont pas encore dévoilé + les projets de quelques grands groupes, comme Airbus (dont on parlait le mois dernier) ou encore Toyota.
Principalement situées au USA et en Europe, beaucoup de ces acteurs ont réalisées de grosses levées de fonds, dont 2 projets à plus de 100 M$. Au total, pas moins 310 M$ ont été levés par ces startups, la plupart en 2017. Comme la startup Allemande Lilium qui a levé 90 millions en septembre dernier.
Il y a donc déjà de nombreux modèles de VTOL en préparation, et beaucoup d’investisseurs qui s’y intéressent. Deux explications justifient cet engouement : un récent élan marketing et une technologie bientôt mature.
Côté marketing, de nombreuses annonces ont donné du crédit à ces projets, comme le programme Elevate d’Uber, aujourd’hui renforcé par son partenariat avec la Nasa, ou encore Dubaï désirant être la ville pionnière des taxis volants. Par ailleurs, le développement des drones et leur potentielle utilisation business (pour la livraison ou le transport agricole par exemple) crédibilise d’autant plus l’utilisation des airs pour des projets de transport aérien de personnes et repenser la mobilité urbaine de demain.
Côté technologie, le décollage / atterrissage vertical semble aujourd’hui enfin maîtrisé grâce à des nouveaux design d’appareils. Il s‘agissait du plus gros challenge technique (disons, combiner hélicoptère et avion). De plus, les récents progrès en vols autonomes, véhicules électriques et batteries rechargeables permettent d’envisager des solutions techniques défendables sur le plan économique et écologique.
Le sujet est donc très sérieux et les taxis volants seront donc bientôt une réalité. D’ailleurs l’horizon temporel envisagé par les acteurs du marché est très court : on parle de tests réels pour Airbus en 2018, de vols à Los Angeles en 2020 pour Uber, et Dubaï est prêt à franchir le cap dès qu’un projet sera technologiquement au point.
L’enjeu derrière ces projets est d’ailleurs urgent : il s’agit de décongestionner la circulation urbaine dans un monde où 70% de la population mondiale sera urbaine en 2050 (54% aujourd’hui). La vision de ces acteurs est alors d’intégrer les airs comme partie intégrante des autres modes de transports pour améliorer la mobilité urbaine des villes du futur.
Par contre, un des plus gros challenge à venir sera celui de l’intégration des véhicules volants et drones dans l’espace aérien, et notamment la création d’infrastructures pour réguler le trafic aérien basse altitude et suivre / coordonner les différents objets volants. Si cela semble compliqué, Mathias Thomsen, qui dirige la branche mobilité urbaine d’Airbus, nous rappelle que « l’air est un meilleur espace pour l’autonomie que le sol, où il y a beaucoup de piétons et des rues bondées, alors que nous sommes habitués aux routes aériennes et à l’automatisation dans l’aviation ». Et c’est exactement ce à quoi s’attaque Uber avec la NASA. Sur ce point, il se positionne comme précurseur sur ce potentiel futur marché, et celui qui maîtrisera le premier la régulation du trafic aérien possédera indéniablement un avantage considérable pour proposer un service de déplacement aérien urbain.
Voilà, donc on se retrouve dans quelques années à peine pour profiter de la vue à bord de taxis volants ? On l’espère et on à hate !
Ci-dessous, quelques uns des principaux projets de VTOL.
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